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COVID-19 et Violence Domestique : La  » Pandémie de l’Ombre »

    Violence domestique - Bonaggiunta

    Covid-19 et violence domestique : Depuis février 2020, l’épidémie du Coronavirus inquiète le monde entier. Malgré l’accroissement du nombre de morts, certains effets du COVID-19 sont toujours méconnus.

    Cette épidémie n’a fait qu’accroitre la violence domestique communément appelées violences conjugales, ce que souligne d’ailleurs l’ Organisation des Nations Unies (ONU).

    Si certains pays comme l’Argentine, la France, ou Singapour n’ont constaté qu’une augmentation de 30% d’appels d’alertes, ces chiffres atteignent près de 40% en Australie, et 65% au Royaume-Uni, d’après l’Entité des Nations Unies pour l’Égalité des Sexes et l’Autonomisation des Femmes.

    Au Liban, le mois de mars 2020 a été marqué par une élévation de 100% du nombre de plaintes liées aux violences conjugales.

    A ce sujet, la directrice exécutive d’ONU-Femmes, Madame Phumzile Mlambo-Ngcuka, compare cette situation de violence domestique à une « pandémie fantôme, » et exhorte la communauté internationale à prioriser les dispositifs de support aux victimes, tout en augmentant l’assistance économique et la réhabilitation des personnes touchées par ce fléau de l’ombre.

    Bien que la violence au sein des foyers constitue l’une des violations des droits de l’Homme la plus commune, la situation actuelle n’a fait qu’empirer pour les raisons suivantes.

    D’une part, les mesures de confinement, bien qu’essentielles dans la lutte contre le coronavirus, ont aggravé les violences conjugales. En pratique, la victime éprouvera des difficultés à appeler les secours étant sous l’emprise de son conjoint.

     « Les agresseurs profitent des mesures d’isolement en sachant que les femmes sont incapables d’appeler à l’aide ou de s’échapper, » a déclare Madame Amina Mohammed, Vice-Secrétaire-Générale de l’ONU.

    Les victimes se retrouvent alors emprisonnées avec leur agresseur et le domicile, symbole universel de protection et de sécurité, se transforme alors en un piège inéluctable.

                D’autre part, les difficultés économiques et financières éprouvées, et la fatigue du confinement ne font qu’embraser les frustrations préexistantes propre à l’émergence de violence domestique.

    Ceux qui se réfugient dans l’alcool ou autres substances afin d’échapper à leurs soucis du quotidien deviennent alors plus susceptibles de céder à leurs pulsions violentes.

                De plus, le confinement conduit à nombre de facteurs aggravants, rendant la situation invivable.

    Dans un contexte de digitalisation du mode de vie, la dépendance aux réseaux sociaux et les modes de télétravail offrent au conjoint violent, un nouvel outil de pression à exercer contre son partenaire.

     Par ailleurs, la présence constante des enfants et des adolescents (et autres personnes dépendantes) au sein du domicile, augmente leur exposition aux abus conjugaux, et en fait des cibles beaucoup plus vulnérables, « [puisque] quand on parle de violence conjugale, on parle vraiment d’une dynamique de contrôle qui s’est installée dans un couple, » comme le souligne Simon Lapierre, professeur à l’Université d’Ottawa.

    Le gouvernement français, conscient de la gravité de la situation, a mis au point un certain nombre de dispositifs d’alerte et d’assistance aux victimes d’abus domestique.

                Outre les plateformes en ligne et numéro de secours, les pharmacies ont été réquisitionnées pour alerter les services de police.

    Le mot de code « Masque-19 » permet aux victimes, souvent incapables de s’exprimer ouvertement, de signaler au pharmacien qu’il est nécessaire de faire appel aux autorités.

    Le Ministère de l’Intérieur a chargé les forces de sécurité de répondre favorablement aux appels arrivant des pharmacies de toute urgence.

    Le gouvernement français a, par ailleurs, établi un partenariat avec la compagnie Uber, qui offre 2000 courses gratuites jusqu’au 31 mars prochain, afin de conduire les victimes dans les situations les plus contraignantes à l’abri.

    Dans un contexte de pandémie mondiale, cette facette cachée du coronavirus ne passe pas nécessairement sous le feu des projecteurs, et peut souvent être éclipsée par la crise sanitaire.

    Certes, le coronavirus est une catastrophe des plus inquiétantes et requiert l’attention immédiate des États ainsi qu’une vaste mobilisation des ressources. Néanmoins, il reste primordial de ne pas laisser les victimes de violence livrées à leur sort. L’aide aux personnes vulnérables doit rester une priorité.

    Cependant, intervention et assistance demandent quelques précautions supplémentaires, comme la distribution d’équipements de protection individuelle aux différents intervenants, afin de limiter la transmission et la propagation du virus.

    Nous devons nous rappeler que la séparation entre bourreau et victime ne marque en aucun cas la fin de la souffrance de cette dernière.

    Des mesures d’assistance médicale, psychologique, voire économique doivent obligatoirement être amorcées afin de limiter les répercussions et séquelles durables.

    Il convient également de rappeler que les femmes sont loin d’être les seules à souffrir de la violence domestique. Enfants, adolescents, personnes âgées, malades, et hommes n’échappent pas non plus à cet acte vicieux.

    Face au COVID-19, le combat contre la violence domestique est relayé au second plan. Il est donc impératif de nous souvenir des victimes silencieuses du virus, et de participer comme on le peut dans cette lutte. Vigilance, attention, et compassion sauvent des vies.

    Janine Bonaggiunta, avocate

    En collaboration avec Mounia El Khawand


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