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Enfants : les victimes oubliées de la violence conjugale

    Enfants : les victimes oubliées de la violence conjugale

    La violence a été longtemps considérée comme une affaire d’adultes.


    Mais lorsqu’il y a violence dans le couple, l’enfant est également victime dans la mesure où il est spectateur du conflit de ses parents.

    Les risques peuvent être particulièrement importants pour eux et leur exposition au sein du couple doit être une préoccupation au niveau européen et international.

    Les violences conjugales commencent le plus souvent lors de la transition de la conjugalité à la parentalité et notamment, dès la période de grossesse, laquelle est bien souvent un facteur déclenchant ou aggravant des violences conjugales.

    A l’annonce de la grossesse, certaines femmes subissent des brimades, des insultes et des coups.

    Les conséquences peuvent être graves sur le développement physique et  psychique de l’enfant et ce, même s’il n’est que témoin desdites violences.

    Il est ainsi indispensable d’être vigilant afin de prévenir tout risque.

    En pratique, l’enfant, spectateur des violences, qu’elles soient psychologiques ou physiques, est considéré comme un objet et les parents agissent comme s’il n’était pas là.

    Le spectacle qui lui est infligé, sans aucun égard ni protection, lui fera vivre des moments très pénibles, qui le marqueront à vie dans sa construction d’adulte.

    Son quotidien sera alors marqué par l’insécurité, l’instabilité et la menace.

    Souvent, le parent victime en fera son confident et l’enfant submergé émotionnellement sera tiraillé et pris dans un conflit de loyauté. De l’autre côté, le parent violent aura tendance à reporter sa colère sur l’enfant considéré comme « déloyal ».

    Les auteurs de violences ont tendance à harceler leurs enfants afin de leur extorquer des informations sur l’autre parent (connaitre le code secret du portable de l’ex, connaitre l’endroit où il travaille, lui faire prendre des photos, savoir s’il a refait sa vie…).

    De la même manière, l’un des parents pourra chercher à se venger de l’autre et créer avec celui-ci un bloc indissociable contre l’autre parent : un véritable lavage de cerveau sera réalisé.

    L’enfant va rejeter ou diaboliser ce parent qu’il aimait auparavant et fait corps avec le parent qui le manipule.

    C’est ainsi que l’enfant devient malgré lui, un véritable otage du conflit conjugal de ses parents.

    Il est démontré que les violences au sein du couple engendrent de multiples conséquences sur les victimes et leurs proches, ainsi qu’un coût social et économique important.

    Les pouvoirs publics n’ont pas traité spécifiquement cette problématique ; il est fait un cloisonnement des approches et une différenciation entre la protection de l’enfance et la lutte des violences au sein du couple.

    C’est une méconnaissance totale de ce phénomène ; c’est pourquoi il faut mener une réflexion globale sur la problématique des enfants exposés aux violences au sein du couple.

    La cellule familiale ne doit pas être une zone de non droit pour les femmes et les enfants.

    Au contraire, il faut garantir sa sécurité et son intégrité physique.

    Les enfants exposés à la violence dans le couple doivent être protégés en raison de leur particulière vulnérabilité.

    Ces derniers sont souvent amenés à assumer des responsabilités qui ne devraient pas leur incomber.

    Aussi, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs de prévention, d’intervention et de protection pour la sécurité de l’enfant, notamment dans le milieu scolaire et médical (médecins, psychologues, juges).

    Tous les professionnels en contact avec les enfants devront être vigilants afin de repérer et signaler les situations des violences au sein du couple.

    Au Canada, les enfants sont considérés comme des victimes de violences conjugales, même s’ils ne sont que témoins : cette violence est assimilée à de la maltraitance psychologique.

    En France, la situation est bien différente. En effet, les juges considèrent bien souvent qu’il ne s’agit que d’un conflit parental et écartent en conséquence les enfants.

    De même, ce qui n’est pas encore compris par la plupart des magistrats, c’est que la violence conjugale ne prend pas fin lorsque le couple se sépare mais continue à s’exercer par le biais du lien parental.

    En tout état de cause, la mère victime de violences ne doit pas hésiter à saisir le juge aux affaires familiales pour fixer les modalités de l’exercice de l’autorité parentale (le droit de visite, la résidence habituelle de l’enfant)

    Par ailleurs, le recours à des professionnels tels que des psychologues pourra être nécessaire, ce qui permettra de mettre en lumière le caractère toxique de la relation.

    Il faut rappeler que l’article 371-1 du Code civil dispose que les parents titulaires de l’autorité parentale sont tenus d’assurer la sécurité, la santé, la moralité et l’éducation de leurs enfants.

    Trop souvent encore, les parents attendent que les enfants soient majeurs pour se protéger et se réfugient dans leur rôle parental pour ne pas traiter le problème.

    S’interdire de regarder la violence conjugale en face n’est pas une solution, il ne faut pas craindre la rupture.

    C’est pourquoi, je conseille vivement aux victimes de violences de réagir rapidement et ce, avant qu’il ne soit trop tard, en prenant attache auprès d’un avocat spécialisé.

    La violence au sein des relations familiales est un problème grave qui a cessé d’arborer un caractère privé pour devenir un problème sociétal, qui doit interpeller davantage l’opinion publique.

    Il ne faut pas négliger les conséquences des séquelles physiques et psychologiques sur le devenir des enfants.

    Vous n’êtes pas seuls et vous assure de mon entier dévouement.

    Janine BONAGGIUNTA

    01 80 49 34 30